Il est difficile de donner la définition d'un hipster. Si vous demandez à l'un d'entre eux, il vous dira qu'il ne fait pas partie des hipsters.
A la fois post-moderne et las du post-modernisme, ils ne peuvent être identifiés que par leurs caractéristiques de base : boire du caffè latte et faire des référence à la culture populaire tout en la méprisant totalement. Et puis, ils ont l'habitude de vivre à Brooklyn.
Comment un quartier industriel et multiethnique comme Williamsburg a pu devenir le centre d'attention du mouvement hipster de New York ? A travers l'histoire d'un certain Todd Fatjo.
Au début des années 1990, il a été un des plus jeunes hommes à voir le potentiel de Williamsburg. Comme beaucoup d'autres nouveaux arrivants à New York avant lui, il lui était impossible de louer un appartement dans Manhattan et il décide alors de s'installer dans la zone la plus proche et beaucoup moins chère. Les lofts industriels spacieux et vides allaient rapidement devenir le meilleur endroit où se loger. Mais la cas de Fatjo était différent.
Grâce à son travail dans un magasin de disques et ses concerts en tant que DJ, il a pu s'installer vivre en colocation dans un grand duplex sur Bedford Avenue avec trois autres personnes. Pour 2 400$, il disposait des meilleures conditions de vie qu'il n'aurait pu trouver à Manhattan : vues sur le paysage de gratte-ciel, plafonds de 4 mètres de haut et parquet.
Ses talents de DJ ou peut être pour sa coupe afro faisaient de chacune des soirées organisées chez lui avec ses colocataires un long sujet de conversation dans le quartier les jours suivants.
Williamsburg devient alors la capitale mondiale d'une nouvelle vague appelée hipster : tendance de tout ce qui alternatif et indépendant. Très vite, le quartier se remplit de restaurants bio (et de restaurants thaï par exemple) et de grands bars (si vous avez une envie folle de bière, vous y trouverez des dizaines de marques différentes). Fatjo devient le chef de file de ce nouveau mouvement.
Fatjo continue d'organiser ses soirées dans son appartement mais avec cette fois des fêtes "major" : 3 styles de musique différents dans différentes pièces de l'appartement. Selon le New York Times, Williamsburg était "sans doute le quartier le plus fashion d'Amérique".
Fatjo quitte Williamsburg en été 2004. Des dizaines d'articles ont été écrits sur son départ, certains dans de grands journaux reconnus. Mais aucun d'entre eux n'a autant fait l'éloge du mouvement hipster que le flyer que Fatjo avait lui-même collé au mur du centre commercial Bedford Avenue :
If you've ever been to my duplex loft you know how truly dope it is [...]
Popeye's and Dunkin' Donuts on the corner, about four 24hr bodegas on the corner, 2 Chinese food places next to both entrances, and it's above and across from two $.99 stores."
Every party we've had was one for the books. If you've been to one, you know, if not you missed out.
So I guess if anyone is interested leave a message or call me.
BTW: The only reason I'm leaving is because my girlfriend and myself want to get a place to ourselves and this place is too big.
Lorsqu'on lui demanda qui allait hériter de son temple hipster, il répondit : "juste un gars avec un boulot".