Selon la principale maison d'édition de bandes dessinées américaine Marvel, la ville désolée, corrompue et du crime Gotham, lieu des aventures de Batman, représentait Manhattan, de nuit et sous la pluie. Cette définition est née dans les années 1930. Cependant, dans les années 1970-1980, Gotham City fait référence à tout Manahttan. New York, à cette époque, était alors certainement la ville la plus violente et hostile du monde.
Il y a plusieurs explications à ce déclin de New York. Une politique bienveillante encourageait les patients d'hôpitaux psychiatriques sous un slogan proclamant qu'ils pouvaient être de "bons voisins". Mais sans la prise de leurs médicaments, ces personnes agissaient souvent de manière étrange et dangereuse : tueries, attaques diverses comme par exemple à la machette sur le Ferry de Staten Island ou se jeter sous le métro... Entre 1990 et 1997, les incidents causés par les maladies mentales tournaient autour de 34 par an. Avant cette période, la moyenne était de 23.
Mais il y avait aussi et surtout, une crise économique. Elle a bousculé le monde entier dans les années 1970 mais n'a atteint Wall Street qu'à la fin des années 1980. Et c'est lorsque les classes les plus pauvres ont commencé à chercher de l'argent dans d'autres lieux. C'est alors qu'est née l'"épidémie de crack".
L'apparition de cocaïne particulièrement pure et peu chère permettait notamment aux jeunes et sans abris de gagner de l'argent facile. Pendant cette période, les coups de feux étaient tout aussi fréquents que les coups de klaxon des voitures. New York était la ville où l'on dénombrait environ 2 300 morts violentes par an : 6 meurtres par jour. C'en était trop même pour la capitale du monde. De nombreuses personnes déménageaient, notamment dans des communautés émergentes du Sud des Etats-Unis ou au New Jersey.
Mais heureusement pour New York, il existe Rudolph Giuliani.
Rudy Giuliani est une personne dont la vie et les actions sont importantes de connaître pour comprendre ce qu'est aujourd'hui New York. Il l'a en effet sauvée à deux reprises. Comme beaucoup d'autres hommes tels que lui, sa biographie n'est pas exempte de zones d'ombres. En effet, en d'autres circonstances, il aurait pu être vu comme une menace publique. Comme Winston Churchill, en quelque sorte. Mais, il savait où être et quoi faire pour servir au mieux sa communauté.
La famille Giuliani quitte Tuscany pour à New York au XIXème siècle. Le père de Rudolph était un homme peu chanceux. Il avait tout pour devenir un bon boxeur : il était en bonne santé, fort et avait d'excellents réflexes. Mais il souffrait de dioptrie dans chaque oeil. Ne pouvant donc pas monter sur le ring et combattre, il abandonne la boxe et se lance dans la délinquance. Les choses ne s'améliorent pas et il finit par se faire arrêter lors de son premier vol et est envoyé à la prison de Sing-Sing pour deux ans. A sa sortie, il devient tueur à gages pour des opérations de crimes organisés.
Rudolph Giuliani est né le 28 mai 1944. Il a été élevé à Brooklyn, dans un quartier où le baseball et les Dodgers sont comme une religion. Mais, lui, est fan des Yankees : de quoi comprendre un peu mieux sa personnalité. Il réussit à entrer à l'université grâce à l'argent que lui envoie des proches : parmi eux, un gangster.
Quoi qu'il en soit, il sort diplômé en 1968 et plus tard, il rejoint l'homme qu'il admirait alors, Bobby Kennedy, au Ministère de la Justice. Lorsque Ronald Reagan est élu président, il change intelligemment de parti, passant d'Indépendent à Républicain. Ce n'est pas une mauvaise idée puisqu'en 1973, il est nommée chef du bureau en charge des narcotiques et devient procureur général.
10 ans pus tard, il est nommé procureur général du Southern District of New York. Il contrôle alors Lower East et Wall Street. Les gangsters et les costumes trois pièces tremblent. Giuliani devient alors en quelque sorte un nouveau Elliot Ness.
Ses croisades contre la mafia et les criminels de la finance sont largement reprsies dans la presse et bien accueillies par le public. Parmi ses plus grandes réussites, on retiendra les arrestations des familles de la mafia Genovese et Colombo et celle d'Ivan Boesky, un courtier en bourse, dont Michael Douglas s'est beaucoup inspiré pour son rôle de Gordon Gekko dans le film de 1987 : Wall Street.
Sa lutte contre la criminalité a été si efficace que lorsqu'il se retire de son poste en janvier 1989, le célèbre New York Post écrit : "Good news for bad guys" (bonne nouvelle pour les sales types).
Giuliani, triomphant et incarnation de la loi, annonce sa candidature à la mairie de New York. Durant les mois qui suivent, il révèle être un candidat pathétique. Les enfants pleuraient lorsqu'il voulait les embrasser. Il criait sur des citoyens lors de visites électorales. Son rival, David Dinkins n'a pas de mal à le battre avec 44 000 votes de différence.
Mais en 1992, il lui tente une nouvelle fois d'arriver à la tête de la mairie de New York. Cette fois-ci, pas d'enfants et pas de visites. Il décide de se lancer dans ce qu'il sait faire de mieux et promet maintien de l'ordre et main de fer. Il remporte les élections et devient le chaperon de New York.
En pratique, il fait emprisonner le plus grand nombre de personnes. Sa politique de "tolérance zéro" a pour effet de remplir les prisons de New York, il engage 2 400 nouveaux agents de police, renvoi chaque "libéral" travaillant à la mairie et donne son accord à son armée d'agents pour tout faire pour stopper la criminalité.
Il va sans dire que de nombreux abus de pouvoir ont mené à d'horribles faits : brutalité policière, bavures, etc.
Malgré cela, la ville change considérablement. La moyenne du nombre de morts violentes par an passe de 2 000 en 1993 à 500 en 1997. De nombreuses personnes reviennent alors s'installer à Midtown. Times Square n'est plus aussi malfamé et dangereux et devient l'"aorte du monde" de nouveau. Dorénavant, New York est beaucoup plus sûre que de nombreuses autres villes du pays.
On parle de véritable résurrection.