Les génies ne font jamais rien seuls. Que ce soient les grands compositeurs de Vienne au XVIIIème siècle, les impressionnistes de Paris à la fin du XIXème siècle ou les avant-gardistes du XXème siècle en Espagne, les groupes artistes mémorables ont toujours eu tendance à vivre au sein d'une communauté.
New York avaient eu de nombreux exemples comme ceux-là. Un des plus impressionnants et encore remémorés aujourd'hui est la communauté d'artistes de jazz vivant dans le Sud de Queens. Ella Fitzgerald, John Coltrane, Count Basie... On pouvait tous les trouver dans Addisleigh Park.
Les rues de cette zone du quartier St Albans dans Queens portent des noms, ce qui est surprenant car ce n'est pas le cas dans Queens et dans le reste de New York. En 1923, cette vaste zone a attiré Clarence Williams (mais aussi parce qu'il était difficile pour des Afro-Américains de trouver des logements dans Manhattan).
Williams était un visionnaire Afro-Américain qui avait anticipé l'avènement du jazz et avait ouvert un commerce de musique quelques années plus tôt à Chicago. A la vue du boom musical qui se développait à New York, il avait décidé de partir y vivre avec sa femme.
Il lui avait été facile de faire la causette avec un de ses voisins, Thomas Wright Fats Waller, qui avait emménagé à Addisleigh au début des années 1930. Waller était célèbre pour savoir jouer le nouveau style musical du moment, le jazz, dans des théâtres de variétés. Il composait aussi et était doué pour distinguer de futurs grands talents. C'est certainement pourquoi il avait accepté un jeune organiste appelé William Basie à jouer dans sa bande.
Basie décide en 1928 d'abandonner le groupe et de travailler sur des projets différents. Il devient alors Count Basie et crée un nouveau style de jazz. Il était sans doute le musicien le plus audacieux et aimé de New York. Il était aussi un voisin sympathique dans Addisleigh Park : il invitait des étrangers à participer à ses soirées et prêtait volontiers sa piscine aux voisins lorsqu'il s'absentait.
Basie déménage sur Adelaide Road en 1946 et il aura fallu peu de temps avant que le quartier ne se transforme en un paradis du jazz. C'est alors que dans les années 1950, une jeune femme affable et amusante nommée Ella Fiztgerald le rejoint.
Ella Fizgerald avait toujours un bar rempli dans son salon et des dizaines de grands succès derrière elle. Elle était à son apogée quand elle est partie vivre à Addisleigh, sur Murdock Avenue entre la 179ème et 180ème rues. C'est là qu'elle a écrit son recueil de chanson en hommage à de grands artistes comme Cole Porter, Duke Ellington ou Rodgers and Hart.
Elle aimait la compagnie de Lena Horne, une chanteuse de talent qui en avait eu marre de chanter dans des films hollywoodiens et voulait se consacrer à se produire dans des nightclubs. Elle avait bien fait : elle devint une véritable icône de la culture jazz et de la communauté afro-américaine en générale. Elle faisait des apparitions à la télévision, des spectacles à Broadway et enregistrait des standards du jazz. Vous pourrez voir sa maison sur la 178th Street avec 112 Murdock Avenue.
Décédée en 2010, elle a été l'une des personnes ayant résidé le plus longtemps à Addisleigh tout comme Milt The Judge Hilton, un grand bassiste décédé en 2000. Il s'était installé à Addisleigh dans les années 1950 après avoir joué dans la bande de Cab Calloway pendant 15 ans.